Billet d'humeur

Un peu de recul. Ou comment ma boite aux lettres m’a ramené à la réalité.

ImageIl est 20h30, je rentre chez moi. Comme tous les soirs, avant de m’affaler sur mon fauteuil, j’ouvre ma boite aux lettres.

Au milieu des publicités pour des salons en solde, des dépliants de la grande distribution, des tracts politiques et de quelques factures, je trouve un petit mot.

Ecrit à la main puis photocopié et soigneusement plastifié, le message m’interpelle: « Cherche travail dans le nettoyage, repassage, course alim. Tous travaux. Bâtiment intérieur et extérieur. Homme à tout faire. Disponible ».

Ce soir, je me sens coupable.

Coupable d’avoir pris part ces dernières semaines à tous ces débats au sujet d’un homme qui tient des propos douteux et de ce ministre d’un autre pays (je suis belge) qui bafoue les règles démocratiques les plus élémentaires.

Coupable d’avoir oublié toutes ces personnes qui chaque jour, vivent au jour le jour et en se demandant ce qu’ils vont pouvoir faire pour nourrir leur famille.

Coupable de penser que ma journée a été difficile parce que j’ai reçu plus d’e-mails professionnels que d’habitude.

Coupable de faire partie d’une classe de privilégies qui ont un travail, mangent à leur faim et partent en vacances deux fois par an.

Coupable de participer moi-même à cette société qui crée des inégalités.

Coupable d’avoir oublié les réalités de notre société.

A toi qui m’a écrit, je ne peux pas t’offrir de travail. Mais je diffuse ton message car au delà de ce marasme médiatique, de l’actualité people, des propos sans queue ni tête et des débats, tu existes, qui que tu sois.

Et on ne peut continuer de parler, débattre ou agir en oubliant qui tu es et ce que tu dois faire, chaque jour, pour t’en sortir. On ne peut continuer sans prendre conscience que le vrai combat de notre société, reste la lute contre les inégalités. Celles qui t’ont amené, aujourd’hui à déposer ta requête dans ma boite aux lettres.

La liberté de manger vient avant la liberté de penser ou de pratiquer sa religion.

Merci de me l’avoir rappelé aujourd’hui.

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