Emploi

Aujourd’hui, je m’inscris en tant que chômeur, partie 2.

Cet article est la suite de la première partie disponible ici

Armé de mon précieux C4 et de mon attestation d’inscription chez Actiris, je me lève de bon matin (comprenez : avant 8 h. Pour un chômeur, c’est déjà pas mal). Deux semaines après ma première tentative, me voici à nouveau en route vers mon syndicat, la CSC, pour y faire une demande d’allocation de chômage.

Cette fois, j’ai prévu le coup : je n’arrive pas 30 minutes à l’avance, mais près d’une heure avant l’ouverture ! À cette heure-là pensais-je, les gens-qui-ne-font-rien sont certainement encore en train de dormir et je serais dans les premiers.

Quelle n’est pas ma surprise de voir qu’une quarantaine de personnes est déjà sur place, tout autour du couloir, disséminé sans ordre apparent ! Je décide de m’assoir également en me demandant comment nous allons faire pour passer dans l’ordre d’arrivée. (Pour rappel, la précédente machine à ticket avait été démantelée pour cause de « trafic » et revente de tickets.) D’autres personnes arrivent et font comme moi. Une jeune femme avec un enfant ne sait pas où s’assoir. Une autre femme assise depuis un moment se met à parler fort en s’adressant à tout le monde : « Qui était avant madame ? » Personne ne répond. Et la voici qui reprend : « Il faut s’annoncer quand on arrive ! Et demander qui était là avant. Sinon, c’est le foutoir ici. » Toujours pas de réponse.

Quelques minutes plus tard, un homme arrive et fait remarquer à un jeune qu’il lui a pris sa place assise. Le ton monte et les paroles s’envolent. D’autres s’en mêlent pour calmer les belligérants.

8 h 30, une demi-heure avant l’ouverture, une nouvelle personne entre dans le couloir. Soudain, en une fraction de seconde, les gens s’observent. Il suffit ensuite d’un souffle pour que plusieurs personnes se lèvent en même temps et se ruent vers le guichet, suivies par le reste de la troupe. Je n’ai pas le temps de comprendre que, déjà, les gens s’amoncèlent et forment un groupe compact devant la porte close du guichet.

Je suis parmi les derniers. Ça valait bien la peine d’être parti si tôt.

Je n’ai pourtant pas le temps de réfléchir qu’à nouveau, les esprits s’échauffent. Une femme d’une trentaine d’années, au milieu de la file, accoste durement une personne devant elle qui ne veut pas la laisser passer. Elle a un ticket, dit-elle, en brandissant un bout de papier sur lequel est noté à la main un numéro. Une autre femme réplique qu’elle a, elle aussi, un numéro, brandissant à son tour un bout de papier. « Nous étions là à 6 heures du matin pour qu’on nous donne ce ticket ! » Alors que l’autre répond, « je m’en fous de ton papier. Il n’y a jamais eu de tickets ici ! »

J’apprends donc que certains viennent très tôt à l’aube pour être certains de passer rapidement.

Au même moment, un responsable de la CSC traverse par hasard le couloir, mais hâte directement le pas pour fuir la conversation. Une personne l’aborde pourtant en le questionnant sur ces tickets. L’homme répond qu’il n’en sait rien, il n’y a jamais eu de distribution de ticket. Il s’agit surement de quelqu’un qui l’a fait de sa propre initiative.

Il faudra de longs échanges musclés pour que le calme revienne sans aucune intervention extérieure. Finalement, le guichet s’ouvre à 9 heures comme prévu et les gens ont vite fait d’oublier ce qui s’est passé.

Il est près de 11 heures lorsque je me retrouve devant le guichet. Après quelques minutes, on me remet un numéro qui me permettra de faire à nouveau la file, mais cette fois-ci, assis.

En effet, le couloir dans lequel je me trouve n’est qu’une salle d’attente. Le guichet est le premier point de contact. En fonction de la raison pour laquelle nous nous présentons, la personne qui tient le guichet nous remet un numéro qui permettra ensuite de rejoindre un conseiller à l’intérieur.

« L’agressivité est intolérable »

Je prends mon mal en patience lorsque j’entends des cris provenant de l’intérieur. Un homme, vraisemblablement désespéré, sort de ses gonds et s’en prend à un conseiller. L’échange dure quelques minutes lorsqu’une demi-douzaine de policiers arrive pour interpeler l’individu.

Le reste de l’assemblée reste calme. Je semble être le seul qui s’étonne de la situation.

L'agressivité est intolérable

Il est midi, après quatre heures d’attente, mon tour arrive enfin. Je rentre et je présente mon dossier au conseiller. Celui-ci m’accueille, austère, en me demandant mes documents.

Je l’interroge sur l’incident survenu quelques minutes auparavant en lui demandant son avis. « Vous savez, lorsqu’on met les gens dans des situations désespérées, ils finissent par péter les plombs, c’est normal », me répond-il.

Finalement, mon dossier est validé. Je ressors avec quelques cartes de contrôle et une feuille reprenant les dates de remise de ces cartes.

Dès ce moment, mon nouveau job consiste à chercher un emploi, conscient que mes allocations dépendent de l’ardeur à laquelle je m’y attèle. Je suis évidemment conscient des obligations qui m’incombent, mais je n’ai aucune idée des critères sur lesquels je serais « jugé » en tant que demandeur d’emploi. Mon conseiller n’en sait rien non plus. À ce jour, un mois après ma demande, je n’ai reçu aucune information, aucun e-mail, aucune lettre d’Actiris.

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