Emploi, RH

L’évolution de la fonction RH

Vaste et complexe question que celle qui m’a été posée récemment par la coordinatrice du pôle RH d’une haute école de Bruxelles.

Essayons d’y répondre intuitivement en commençant par le contexte dans lequel évoluent les organisations.

Le contexte

Tout d’abord, posons comme cadre, l’évolution du contexte général qui touche les organisations :

1. La révolution numérique. Saas, Big Data et autres « transitions numériques ». Termes qui témoignent de l’émergence de technologies permettant d’exploiter un grand nombre de données liées à l’inter-connectivité des membres de l’organisation et de l’organisation elle-même.

2. Un contexte économique, technologique et social en constante évolution qui impose une plus grande flexibilité, même aux entreprise les plus ancrées dans leur secteur. On parle d’agilité ou de flexibilité organisationnelle. Conséquence : des changements de tout ordre bien plus fréquents.

3. La communication omni-présente qui impose un très haut niveau de transparence aux entreprises. Celles-ci ne peuvent plus se permettre de ne pas communiquer sur ce qui s’y passe en son sein. La frontière entre l’entreprise et son milieu devient plus floue, plus fragile en conséquence de quoi, les organisations font de « l’employer branding ». Mais si l’entreprise doit être ouverte au monde, elle doit, selon moi, également être plus attentive et impliquée dans le monde qui l’entoure.

4. L’enjeu du bien-être des travailleurs marqué par son institutionnalisation croissante au sein des organisations en réponse à l’augmentation des maladies psycho-sociales.

Enfin, on ne peut évoquer l’évolution des Ressources Humaines sans parler d’externalisation de ses fonctions supports. Qu’on y adhère ou pas, « l’entreprise libérée » imagine déjà l’organisation de demain, débarrassée de tous ses postes supports, RH compris, remplacés par la technologie et la montée en compétence des responsables opérationnels.

Les tendances

De fait, les RH vont évoluer tant quantitativement que qualitativement. Quantitativement car, technologies et contraintes économiques verront le nombre de travailleurs RH diminuer. Qualitativement car les RH devront monter en compétence.

L’évolution de la fonction RH s’entrevoie selon quatre axes :

– Les RH, facilitateurs du changement : évolutions des compétences, agilités organisationnelles, restructuration et développements;

– Les RH, Chefs d’orchestre au choeur du positionnement de l’entreprise entre la com, le marketing, le pôle RSE et l’organisation elle-même;

– Les RH, responsables du bien-être des collaborateurs;

– Les RH en mode Projet : délaissés de ses postes les plus exécutifs, le responsable RH devra mener ses missions en mode projet;

La formation des futurs travailleurs en Ressources Humaines devra nécessairement suivre ces tendances en intégrant les éléments les plus importants : accompagnement du changement, méthodes de gestion de projet, bien-être et enfin, compétences transverses (marketing, communication, etc.).

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Actualité, Emploi

One Day Interim: grotesque et manipulation façon FGTB.

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(source: Onedayinterim.be)

C’est ce lundi que la FGTB a décidé de lancer une campagne contre les contrats intérimaires journaliers. Mais cette fois ci, pas de tracts distribués à la sortie de la gare ou d’affiches d’information. Le syndicat socialiste a mis sur pied un canular en lançant « One Day Interim », une fausse agence d’intérim soi-disant spécialisée dans les contrats journaliers.

À grands coups de communication, la fausse publicité vante les mérites du contrat à la journée pour les entreprises autant que pour les travailleurs.

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(source: Onedayinterim.be)

Après avoir dénoncé l’arrivé sur le marché de ce sois-disant nouvel acteur, la FGTB ne tarda finalement pas à avouer être l’instigatrice de cette vraie fausse campagne de communication lancée dans le but de dénoncer les contrats journaliers dans le secteur de l’intérim. L’approche n’aura pas manqué de faire réagir la presse, mais surtout Federgon, la fédération des prestataires de service RH.

Voilà pour le résumé de l’actualité. Pour plus de détails sur cette actualité, je vous laisse consulter ici les très nombreux articles parus dans la presse belge cette semaine.

Le syndicat socialiste soutient que six contrats sur dix sont encore des contrats journaliers et revendique l’interdiction pure et simple de ce type de contrat. Le communiqué de la FGTB est à lire ici.

Que cachent en réalité ces chiffres ? Pour le comprendre, il faut revenir aux prémices de l’intérim.

Les premières sociétés de travail temporaire seraient apparues dès le début du 20ème siècle, selon les sources, au Royaume-Uni ou aux États-Unis afin de répondre à un besoin de main-d’œuvre pour une durée déterminée. En Belgique, le travail intérimaire trouve une reconnaissance juridique dans les années ’70. Étant au départ principalement un instrument de flexibilité numérique dédié au secteur industriel, l’intérim s’est depuis adapté à la désindustrialisation en suivant deux grandes tendances :

  1. Un développement accru dans le secteur des services et orienté vers des profils de plus en plus qualifiés.
  2. Le développement de services à plus forte valeur ajoutée : recrutement, outplacement, assessment center, etc.

Autrement dit, les 173 entreprises de travail intérim que compte notre pays cherchent par tous les moyens à pérenniser leurs activités malgré la crise économique. Rappelons au passage que le secteur de l’intérim a été le premier impacté depuis 2008. Véritable baromètre économique, le secteur a accusé des chutes vertigineuses jusqu’à 25% dès le début de la crise. (source Federgon)

Mais ces tendances sont apparues déjà bien avant la crise. Avec la baisse progressive des marges réalisées sur la mise au travail d’ouvriers manutentionnaires dans l’industrie, les agences d’intérim ont pris une partie de la place laissée par des bureaux de recrutement devenus trop chers et trop élitistes. En proposant à leurs clients de leur trouver des candidats qualifiés en vue d’un contrat fixe, elles misent sur des contrats de plus longue durée et sur des prix de facturation plus élevés.

En 2013, notre pays a ainsi connu plus de 500 000 travailleurs intérimaires pour 304 heures prestées en moyenne par intérimaire (38 jours en moyenne à raison de 8 heures / jour). 37% étaient des étudiants, suivis de près par les ouvriers (36,6%) et par les employés (26,6%). 60% avaient moins de 25 ans. Pour 44% des travailleurs intérimaires de 2013, l’intérim était une activité annexe combinée avec pour la plupart avec des études.

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(source Federgon)

Les « springboarders », autrement dit, les intérimaires qui tentent de trouver un emploi fixe grâce à l’intérim représentent près de la moitié des intérimaires. En second lieu, on retrouve les travailleurs qui cherchent un salaire d’appoint devant les travailleurs en quête d’expérience utile.

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(source Federgon)

Tous ces chiffres et bien d’autres sont à retrouver sur le rapport complet de Federgon pour l’année 2013.

Ce que les chiffres ne disent pas, c’est que le travail intérimaire est parfois synonyme de précarité pour certains travailleurs. Contrats d’intérims sans lendemains, enchainements de missions sans pouvoir signer de contrat fixe, avenirs incertains, etc. Il est pourtant difficile d’affirmer que la vie de ces travailleurs serait sensiblement meilleure dans un marché du travail exempt de contrats de travail intérimaires.

En juillet de cette même année, la législation relative au travail intérimaire a connu une petite révolution. La convention collective de travail, signée par les partenaires sociaux (donc aussi par la FGTB), prévoit un certain nombre de dispositions relatives aux contrats journaliers successifs. Ceux-ci doivent dès l’application de la CCT, en septembre 2013, être justifiés dans le chef de l’entreprise utilisatrice. Les entreprises, en outre, doivent suivre une procédure d’information stricte qui inclut des dispositions de recours qui inclut les partenaires sociaux au sein de l’entreprise ou à défaut, au sein de la commission paritaire. Rappelons que les commissions paritaires rassemblent, à parts égales, associations représentatives des entreprises et syndicats. Enfin, et je m’arrêterai là en ce qui concerne la législation, une évaluation biannuelle est prévue par le Conseil National du Travail quant à l’utilisation des contrats journaliers successifs. Ici aussi, toutes les explications sont à retrouver sur le site de Federgon, mais la FGTB en parlait aussi en 2013 et semblait d’ailleurs s’en réjouir.

alors, que peut-on tirer comme conclusions de tout cela ?

La FGTB dénonce l’utilisation des contrats intérimaires journaliers alors qu’elle a été elle-même associée à la mise en place du cadre juridique. Cadre qui, rappelons-le, établit des règles claires et prévoit des procédures de recours pour les représentations syndicales. Elle le fait tout juste un an après sa mise en application alors même qu’une évaluation est prévue en 2015.

Les chiffres ensuite : selon la FGTB, 6 contrats intérimaires sur 10 seraient des contrats journaliers. C’est possible. Mais il faut, à la lecture de ces chiffres, prendre en compte d’autres chiffres et considérer d’abord qu’un tiers des intérimaires sont des étudiants, qu’une partie seulement des intérimaires utilisent l’intérim comme tremplin pour trouver un emploi et qu’il faut 5 contrats journaliers pour faire une semaine. Sachant cela, le nombre de travailleurs non étudiants étant employé sous contrats journaliers successifs baisse drastiquement. Le syndicat se garde bien aussi de mentionner la période de référence sur laquelle elle a tiré ces chiffres. La mesure limitant l’utilisation de contrats journaliers successifs étant entrée en vigueur au mois de septembre 2013, il serait grotesque pour le syndicat d’utiliser les chiffres de cette année-là. Mais à y regarder de plus près, c’est pourtant bien ce qu’elle a fait !

Enfin, sur le fonds, la FGTB démontre ici toute son incapacité à comprendre le secteur de l’intérim.

Premièrement, il est grotesque d’imaginer une agence d’intérim se spécialiser dans les contrats journaliers alors que l’ensemble du marché travaille d’arrachepied depuis plus de dix ans à proposer une offre qui lui assure des rentrées régulières et des marges suffisantes.

Ensuite, il existe une série de cas où le recours aux travailleurs flexible à la journée est une nécessité. Le remplacement de personnel absent, la réalisation de travaux exceptionnels, la hausse momentanée de production, l’embauche d’étudiant pour le mercredi après-midi, etc. Quand on sait que 44% des intérimaires exercent leur activité d’intérimaire à titre secondaire, les priver de cette activité aurait probablement des répercussions aussi graves que pour les entreprises.

Finalement, il ne faut pas ignorer que certains secteurs dépendent littéralement de cette mise à disposition de travailleurs à la journée. Le secteur de l’HORECA ou des soins infirmiers sont deux exemples parmi d’autres.

Alors, oui, il faut défendre les droits des intérimaires et chercher à diminuer les abus de la part des entreprises. Mais non, flinguer tout ce qui bouge au travers d’une propagande grossière et provocatrice ne fera pas avancer les choses. Pire, la FGTB a réussi ici à se décrédibiliser auprès de ceux qui n’avaient pas besoin de mon article pour lire entre les lignes et à mettre à mal sa relation avec les autres acteurs sociaux.

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Emploi

Aujourd’hui, je m’inscris en tant que chômeur, partie 2.

Cet article est la suite de la première partie disponible ici

Armé de mon précieux C4 et de mon attestation d’inscription chez Actiris, je me lève de bon matin (comprenez : avant 8 h. Pour un chômeur, c’est déjà pas mal). Deux semaines après ma première tentative, me voici à nouveau en route vers mon syndicat, la CSC, pour y faire une demande d’allocation de chômage.

Cette fois, j’ai prévu le coup : je n’arrive pas 30 minutes à l’avance, mais près d’une heure avant l’ouverture ! À cette heure-là pensais-je, les gens-qui-ne-font-rien sont certainement encore en train de dormir et je serais dans les premiers.

Quelle n’est pas ma surprise de voir qu’une quarantaine de personnes est déjà sur place, tout autour du couloir, disséminé sans ordre apparent ! Je décide de m’assoir également en me demandant comment nous allons faire pour passer dans l’ordre d’arrivée. (Pour rappel, la précédente machine à ticket avait été démantelée pour cause de « trafic » et revente de tickets.) D’autres personnes arrivent et font comme moi. Une jeune femme avec un enfant ne sait pas où s’assoir. Une autre femme assise depuis un moment se met à parler fort en s’adressant à tout le monde : « Qui était avant madame ? » Personne ne répond. Et la voici qui reprend : « Il faut s’annoncer quand on arrive ! Et demander qui était là avant. Sinon, c’est le foutoir ici. » Toujours pas de réponse.

Quelques minutes plus tard, un homme arrive et fait remarquer à un jeune qu’il lui a pris sa place assise. Le ton monte et les paroles s’envolent. D’autres s’en mêlent pour calmer les belligérants.

8 h 30, une demi-heure avant l’ouverture, une nouvelle personne entre dans le couloir. Soudain, en une fraction de seconde, les gens s’observent. Il suffit ensuite d’un souffle pour que plusieurs personnes se lèvent en même temps et se ruent vers le guichet, suivies par le reste de la troupe. Je n’ai pas le temps de comprendre que, déjà, les gens s’amoncèlent et forment un groupe compact devant la porte close du guichet.

Je suis parmi les derniers. Ça valait bien la peine d’être parti si tôt.

Je n’ai pourtant pas le temps de réfléchir qu’à nouveau, les esprits s’échauffent. Une femme d’une trentaine d’années, au milieu de la file, accoste durement une personne devant elle qui ne veut pas la laisser passer. Elle a un ticket, dit-elle, en brandissant un bout de papier sur lequel est noté à la main un numéro. Une autre femme réplique qu’elle a, elle aussi, un numéro, brandissant à son tour un bout de papier. « Nous étions là à 6 heures du matin pour qu’on nous donne ce ticket ! » Alors que l’autre répond, « je m’en fous de ton papier. Il n’y a jamais eu de tickets ici ! »

J’apprends donc que certains viennent très tôt à l’aube pour être certains de passer rapidement.

Au même moment, un responsable de la CSC traverse par hasard le couloir, mais hâte directement le pas pour fuir la conversation. Une personne l’aborde pourtant en le questionnant sur ces tickets. L’homme répond qu’il n’en sait rien, il n’y a jamais eu de distribution de ticket. Il s’agit surement de quelqu’un qui l’a fait de sa propre initiative.

Il faudra de longs échanges musclés pour que le calme revienne sans aucune intervention extérieure. Finalement, le guichet s’ouvre à 9 heures comme prévu et les gens ont vite fait d’oublier ce qui s’est passé.

Il est près de 11 heures lorsque je me retrouve devant le guichet. Après quelques minutes, on me remet un numéro qui me permettra de faire à nouveau la file, mais cette fois-ci, assis.

En effet, le couloir dans lequel je me trouve n’est qu’une salle d’attente. Le guichet est le premier point de contact. En fonction de la raison pour laquelle nous nous présentons, la personne qui tient le guichet nous remet un numéro qui permettra ensuite de rejoindre un conseiller à l’intérieur.

« L’agressivité est intolérable »

Je prends mon mal en patience lorsque j’entends des cris provenant de l’intérieur. Un homme, vraisemblablement désespéré, sort de ses gonds et s’en prend à un conseiller. L’échange dure quelques minutes lorsqu’une demi-douzaine de policiers arrive pour interpeler l’individu.

Le reste de l’assemblée reste calme. Je semble être le seul qui s’étonne de la situation.

L'agressivité est intolérable

Il est midi, après quatre heures d’attente, mon tour arrive enfin. Je rentre et je présente mon dossier au conseiller. Celui-ci m’accueille, austère, en me demandant mes documents.

Je l’interroge sur l’incident survenu quelques minutes auparavant en lui demandant son avis. « Vous savez, lorsqu’on met les gens dans des situations désespérées, ils finissent par péter les plombs, c’est normal », me répond-il.

Finalement, mon dossier est validé. Je ressors avec quelques cartes de contrôle et une feuille reprenant les dates de remise de ces cartes.

Dès ce moment, mon nouveau job consiste à chercher un emploi, conscient que mes allocations dépendent de l’ardeur à laquelle je m’y attèle. Je suis évidemment conscient des obligations qui m’incombent, mais je n’ai aucune idée des critères sur lesquels je serais « jugé » en tant que demandeur d’emploi. Mon conseiller n’en sait rien non plus. À ce jour, un mois après ma demande, je n’ai reçu aucune information, aucun e-mail, aucune lettre d’Actiris.

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Emploi

Aujourd’hui, je m’inscris en tant que chômeur, partie 1.

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« Le chômage peut être défini comme l’état d’inactivité d’une personne souhaitant travailler. »

En ce début de mois de juillet, comme plusieurs milliers d’autres personnes en Belgique, j’ai perdu mon emploi. Comme une très large majorité de sans-emplois, je me tourne naturellement vers notre système d’assurance chômage afin d’assurer ma subsistance. J’accepte sans broncher, mais avec appréhension, cette étiquette de « chômeur ».

Le chômeur, cet individu pour lequel nos politiques se tiraillent. Cet homme ou cette femme, centre de toutes les attentions, qui représente à lui seul l’état de santé de toute notre société et dont le nombre fait l’objet de rudes batailles et de sévères pronostics. Ce personnage qui se voit souvent associé à d’autres adjectifs tels que profiteur, assisté ou fainéant. Le chômeur est aussi parfois, ou même souvent, en fonction de vos opinions politiques, victime de sa situation.

Me voilà donc débarqué dans un univers inconnu. Et comme chaque changement exige un minimum de préparation, je m’informe et me renseigne déjà depuis plusieurs semaines sur les procédures, les modes de calculs, les documents, les délais, les obligations,etc…

Je consulte le site de l’ONEM et de mon syndicat mais j’écoute aussi les amis, et connaissances qui sont passés par là. Et à ce stade-ci, un premier constat s’impose: rien n’est clair! Certes le site de l’ONEM n’est pas avare en informations et celles-ci sont bien agencées mais il existe un tel nombre d’intervenants, de procédures, d’exonérations et d’exceptions que tout cela semble obscure au non-initié.

Une chose est sûre, d’abord le syndicat.

« Si vous désirez percevoir des allocations de chômage, vous devez […] vous présenter personnellement auprès d’un organisme de paiement de votre choix […] pour y introduire une demande d’allocations de chômage.  si vous ne pouvez obtenir en temps requis les formulaires C 4 et/ou C 6. Dans ce cas, votre dossier est incomplet et vous devez tout mettre en oeuvre pour obtenir rapidement ces formulaires. » (source: onem.be)

Le message est clair, il faut que je me présente avant tout à mon syndicat.

Ni une, ni deux, dès le second jour de la fin de ma période de préavis, je prends le chemin de mon syndicat, armé du seul document pour l’instant en ma possession, ma lettre de préavis.

Prévoyant, je décide de m’y présenter 30 minutes avant l’ouverture.

Première leçon: la patience!

43. C’est le nombre de personnes qui faisaient déjà la queue ce jour là, 30 minutes avant l’ouverture. Enfin, difficile à dire, puisqu’il n’y a pas une mais deux files dans la salle d’attente. Un panneau indique qu’une des files mène aux tickets, l’autre pas. Impossible d’en savoir plus, la foule est dense.

Je ne veux pas prendre de risque et j’opte pour la file la plus longue. Ma nouvelle « inscription » mérite certainement l’attention qu’implique l’obtention d’un ticket, non?

La file dans laquelle j’attends patiemment l’ouverture se compose de deux catégories de personnes. Mines sombres, regards vides et têtes baissées, les « résignés » représentent la majorité. Parmi eux, éparpillés, quelques « anciens » prodiguent avec bonne humeur leurs conseils aux nouveaux.

Et justement, la présence devant moi d’un ancien me permet de vérifier mes informations. L’homme me dit qu’il ne sert à rien pour moi d’être ici étant donné que je n’ai pas encore de C4. Malgré tout, je reste persuadé que ma présence est nécessaire et je fais confiance à ce que j’ai pu lire. Je décide donc de rester.

9 heure, le guichet s’ouvre. L’attente est néanmoins longue, très longue. L’ambiance est solennelle. Seul quelques jeunes enfants brisent le silence. Les mères ont beaucoup de mal à calmer leurs bambins, prises entre la poussette, les questions du conseiller syndical et les documents à fournir.

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« Interdit aux chiens et aux deux roues »

A droite, un panneau d’un autre âge indique « interdit aux chiens et aux deux roues ». Je pense à ce que doivent ressentir ces femmes et ces hommes en file indienne tels des animaux de foires en apprenant que les quadrupèdes sont interdits ici.

Non madame, tous ces gens ne font pas la file pour aller chercher une gamelle de patates bouillies. Non. Ces gens font partie des quelques 416 352 chômeurs indemnisés en Belgique (chiffres au 3ème trimestre 2013, source: statbel.fgov.be).

Tout au long de la matinée, j’ai fini par comprendre que la file dans laquelle je suis donne accès à un guichet qui, après avoir vérifié la consistance de notre dossier, nous distribue un ticket. Ce ticket permet d’attendre, assis cette fois, que vienne notre tour pour discuter de notre dossier avec un conseiller.

11 heure, plus qu’une personne devant moi avant que vienne mon tour. Soudain, un homme fait irruption dans la salle et passe devant tout le monde. Il s’adresse à la personne devant moi et la supplie de pouvoir passer devant elle pour demander une carte de contrôle vierge au guichet. L’homme porte une salopette à l’effigie d’une société de livraison. Sa camionnette professionnelle est en double file, il n’a pas le temps de faire la file dit-il. Cet homme fait, quant à lui, probablement partie des 163 687 travailleurs à temps partiel sous-employés.

Le chauffeur-livreur obtiendra finalement rapidement une carte de contrôle vierge non sans se faire sermonner sur son obligation, la prochaine fois, de faire la file comme tout le monde.

2h45 de patience

Finalement, mon tour arrive enfin. Je présente brièvement l’objet de ma visite. La conseillère syndicale ne me posera qu’une seule question: « avez-vous un C4? ». Je répond « non ». La dame me propose de revenir dès l’obtention du précieux document et de m’inscrire chez Actiris en attendant.

Ces quelques mots auront donc confirmé ce que « l’ancien » m’avait dit plus tôt. Je devrais revenir. Attendre, à nouveau. Mais ce n’est pas grave, j’ai le temps puisque dès à présent, je suis chômeur.

Suite à la partie 2.

 

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